Pauline Langlois
Animée par la conviction qu’il faut changer de mode d’organisation sociale et la croyance qu’il est possible de le faire, j’évolue depuis une quinzaine d’années au sein des mondes associatif, coopératif et militant où je cherche à penser, expérimenter et construire d’autres modèles qui prennent soin du collectif, des individus et de l’environnement. Membre de diverses associations ou collectifs informels de sensibilisation aux droits Humains, de recherche et de solidarité internationale des femmes et de réflexion économique, je participe également à de nombreuses instances de réflexion et d’appui à la coopération.
Après avoir co-fondé une coopérative internationale de coopératives de livraison à vélo, CoopCycle, et été Directrice générale déléguée en charge des équipes opérationnelles de la coopérative de travailleur•ses Smart Coop, j'ai lancé FAIRE collectif fin 2022 afin d’accompagner les structures de l’ESS dans leur fonctionnement collectif.
Dans ce cadre, j'accompagne actuellement la Coop des communs à explorer les intérêts que pourraient avoir la comptabilité CARE au service des organisations de l’ESS et des communs à travers des actions de sensibilisation, d'appui aux expérimentations en cours et de capitalisation.
Interventions
Nombreux sont les acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) à constater l’incapacité des indicateurs de gestion « classiques », principalement financiers, à rendre compte de leur objet social, de leur activité réelle.
Dans le cadre comptable actuellement en vigueur, la conservation du capital financier est une obligation. Il n’existe pas d’équivalent pour préserver le capital humain et le capital naturel. Or, la compréhension de l’entreprise passe par sa comptabilité. Elle est au fondement de toute décision de gestion et des analyses réalisées par les financeurs•ses et la base de l’impôt sur les sociétés.
Alors qu’elle est généralement considérée comme une technique neutre, la comptabilité est porteuse d’une certaine vision du monde dans laquelle, actuellement, les humains et la nature n’ont pas la place qui leur revient.
Les tensions autour de l‘élaboration de modèles économiques alternatifs témoignent des difficultés à subordonner le critère économique aux critères sociaux et environnementaux et à s’émanciper du modèle dominant dans lequel l’économie est « désencastrée ».
Dans cet environnement il est vrai peu préparé à cette (r)évolution, le modèle CARE cherche à élaborer et mettre en œuvre un cadre de gestion (décision, pilotage) et d’évaluation des résultats qui soit cohérent avec l’objet social et les missions de l’organisation. Ces travaux portent une réflexion sur la manière de compter ce qui compte vraiment. La Coop Des Communs participe à ces travaux et accompagne des expérimentations au sein de l'ESS.
CARE repose sur une méthode en 8 phases qui vise pour chaque structure à identifier les capitaux humains et naturels sur lesquels l’entreprise a une répercussion et qui doivent être préservés, cibler les actions de préservation à mettre en œuvre, en estimer le coût, et intégrer l’ensemble de ces données dans les comptes de l’entreprise à travers une comptabilité en 3 types de capitaux comptabilisés au passif (humains, naturels et financiers) sans compensation possible entre eux.
C’est ce que cet atelier propose d'appréhender.